« L’art n’est jamais un document mais il peut en adopter le style » Walker Evans
Cette image de Gérard Lemeunier est une allusion à la période impressionniste qui doit beaucoup à la photographie. Il est important de se souvenir que la première photographie connue est un paysage : le point de vue du Gras de Nicéphore Niépce.
Les principes de la photographie sont précédés de l’utilisation d’un procédé optique permettant l’apparition momentanée d’une image sur une plaque de verre : la camera obscura. Cet appareil facilitait l’obtention d’une image fiable de la réalité en amont de la réalisation d’une peinture sur toile.
Dès le début du XVIIIème siècle, l’artiste Antoine Canal dit Canaletto utilisait systématiquement ce dispositif (camera-obscura) pour capter des images. Ce qui lui permettait de pré-visualiser ses cadrages et d’ajuster ses points de vue autour de paysages naturel et suburbain.
Sous la lumière magique des reflets de l’eau, il magnifiait le profil des villes et le dessin des ponts jetés sur les fleuves.
Plus prés de nous à la fin du XXème siècle, Gérard Lemeunier compose des paysages avec son matériel de photographe. Il construit ses images à travers le viseur de son reflex 24×36.
Notre regard s’est focalisé (posé) sur un paysage structuré par un pont en construction et un bateau dans un écrin de nuages.
Dans la lumière de l’instant, le passage du bateau symbolise ce couple essentiel à la photographie : lumière/temps. Vapeurs volatiles, ouvrage d’art en devenir, navire remontant le courant : symboles dans l’image reconstituant un monde mis en perspective par le photographe.
La photographie c’est ce qui a été et ne sera plus jamais. Ce moment suspendu, l’instant décisif comme disent certains qui fige un état des choses et des êtres : le pont en construction dans la lumière de l’estuaire et le cargo dans son sillage illustrent parfaitement ces principes. Ils sont le reflet, des choix du photographe.
« Vous ne prenez pas une photographie, vous la faites » Ansel Adams
Catherine Blondel et Gilles Boussard
Très belle image où le pont semble se substituer à un plongeoir pour inviter les passants à rejoindre le bateau à la nage. Disons une sorte de mise en Seine.
Jean-François Baulon