Gustave Flaubert et Maxime Du Camp embarquent à Marseille sur Le Nil, le 29 octobre 1849. À 28 ans ils réalisent les rêves d’Orient qui les hantent depuis leur jeunesse. Ils reverront la France au printemps de 1851 après un périple qui les aura menés en Égypte, Nubie, Syrie, Palestine, revenant par voie de terre à travers la Turquie, la Grèce et l’Italie. Ils ont obtenu des missions officielles de la part du ministère de l’Instruction publique et du ministère de l’Agriculture et du Commerce. Missions gratuites certes – ils doivent tout financer par eux-mêmes –, mais qui leur assurent l’appui des agences consulaires de la France et qui facilitent leur introduction auprès des autorités locales et l’obtention de sauf-conduits.
Du Camp emporte avec lui un appareil photographique pour prendre des vues des monuments pharaoniques, répondant aux vœux de l’Académie qui lui a remis ses instructions. Dix ans après l’invention de la photographie, il devient un pionnier de la photographie archéologique à laquelle il va donner une nouvelle dimension. Il est en effet le premier à utiliser le calotype ou négatif papier qui permet des tirages multiples. Avant lui, les seules images d’Égypte étaient des daguerréotypes, des images uniques, ayant pour support une plaque de cuivre poli et argenté. Cette possibilité nouvelle du multiple lui donnera l’idée de faire éditer le premier livre de photographies de l’histoire qui révolutionnera la diffusion de l’image.
Le voyage en Égypte durera près de neuf mois. Flaubert et Du Camp remonteront le Nil en bateau jusqu’à la deuxième cataracte, s’arrêtant pour visiter et photographier une soixantaine de sites pharaoniques qui s’échelonnent le long du grand fleuve. C’est là, sur le Nil, qu’ils feront la connaissance du colonel Langlois qui vient de dessiner les ruines de Karnak. Jusqu’à sa mort, Jean-Charles Langlois a conservé les 24 photographies que lui a offertes Du Camp. Ce sont des documents bruts, des tirages d’essai, sans doute effectués en Égypte, qui ont fait comprendre au peintre tous les services que pourrait lui rendre la photographie pour réaliser ses grands panoramas dans la rotonde des Champs-Élysées.
Grâce aux écrits et Souvenirsde Du Camp, à la correspondance prolixe de Flaubert et aux journaux de bord de chacun des deux voyageurs, nous pouvons suivre pas à pas une aventure qui a marqué l’histoire de la littérature et de la photographie. Ce sont des extraits de ces textes mis en perspective par Luc Desmarquest et les photographies de maxime Du Camp que nous vous proposons de retrouver dans cet ouvrages.
Luc Desmarquest
Sommaire
Les photographies pour prétextes
Gilles Boussard
Gustave Flaubert et Maxime Du Camp en Égypte et en Nubie
Rêves d’Orient
Du Camp et les saint-simoniens
Luc Desmarquest
Luc Desmarquest, Le Voyage de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp en Égypte et en Nubie, 1849-1850,
ed. Ardi – Photographies, Caen, 2017
104 pages – 23 cm x 16,5 cm – 15 euros
ISBN 2-908076-07-1
Exposition L’Egypte photographiée, un voyage partagé par Du Camp, Flaubert et Langlois, 1849-1850
Musée des Beaux-Arts de Caen
23 juin au 24 septembre 2017.