Peter Pan en noir et blanc
« L’île dans les isles » incite à la découverte d’une contrée fantasmée.
A proximité du château Mont Orgueil, symbole de l’archipel des îles anglo-normandes, caché dans les frondaisons, subsiste l’entrée d’un pays imaginaire. Cet éden fût jadis sous la protection d’un jeune garçon bien connu aujourd’hui volatilisé : Peter Pan. Bien que loin de l’instant décisif, le passant tombe en arrêt devant cet objet urbain, ce portail, expression de l’interdit et du signal symbolique.
En s’emparant de cette architecture et de cette ferronnerie, le photographe convoque sculpture, littérature, cinéma, peinture : de magnifiques prétextes pour redécouvrir des aspects de notre culture. Dans ce condensé d’histoire de l’art, le regard du spectateur est savamment soustrait à l’évidence. L’arrière-plan de l’image offre une jungle d’où le tigre du Douanier Rousseau pourrait surgir se glissant entre les tournesols d’un ferronnier inspiré par Monet et Van Gogh. Heureusement dans ce contexte la photographie a survécu.
En évitant la frontalité, Olivier Mériel célèbre l’équilibre fragile d’un personnage fictif trônant sur la clé de voute d’une arche. Le photographe détourne la réalité en magnifiant la couleur par le noir et blanc, il offre une belle dynamique à son image.
La photographie tient de l’instant et du récit.
Catherine Blondel et Gilles Boussard
Exposition « L’île dans les îles, photographies d’Olivier Mériel »
Musée de Normandie, salles du Rempart
(ré)ouverture le 2 juin jusqu’au 23 août