J’ai un peu hésité, mais la réponse est tellement évidente pour moi…. Ce doit être le premier livre de photographies que j’aie acheté, ou le second.
« Gitans La fin du voyage« , Joseph Koudelka, 1975, éditions Delpirre.
Je viens de le rouvrir. Cela fait donc 45 ans que je le feuillette de temps en temps, et aujourd’hui encore la puissance inégalée de ce travail me saute aux yeux, et chaque photo me saisit. Le noir et blanc contrasté, le grain, la capacité à faire de chaque photo une trace d’un lien qui s’est établi pendant, avant le déclenchement, le cadrage….
Pas une photo qui ne retienne: les enfants qui bombent le torse, le cortège de la noce qui semble complètement perdu dans la campagne, ou le cortège funèbre, la veillée mortuaire, les musiciens, l’homme seul devant le clan, menottes aux poignets, ces femmes et ces enfants qui marchent pieds nus dans la boue, un bouquet de fleurs dans un vase, sur une table, sur des tapis élimés, la texture, la lumière…. Pas une page que l’on ne tourne comme à regret…. Je ne connais pas d’ouvrage photographique qui aurait cette puissance. Pas même « Les Américains » de Robert Frank, ni « W.E. Smith His photographs and notes », les deux autres ouvrages auxquels j’avais pensé, ou encore Saul Leiter (« All about Saul Leiter ») qui n’est pas mal non plus….
Malheureusement la jaquette n’a pas résisté au temps.
Claude Boisnard