Une autre oubliée de l’Histoire, comme Léonie ! On connait Robert Capa, qui lui doit son nom et en grande partie sa célébrité, mais jusqu’à peu on connaissait moins, voire pas, Gerda Taro. C’était pourtant une grande photographe et, malheureusement, la première femme photoreporter de guerre tuée à 26 ans pendant la guerre d’Espagne. Beaucoup de ses photos ont été attribuées à tort à Robert Capa, Robert Capa lui-même se les est appropriées jusqu’à la découverte en 2008 de la valise mexicaine.*
Le livre donne un beau portrait de femme, volontaire, indépendante et courageuse. La lecture en est parfois un peu difficile.
Evelyne Kiesow
« Si Robert Capa est universellement connu, Gerda Taro, sa compagne – qui connut une fin tragique à vingt-six ans, lors d’un reportage sur la guerre d’Espagne -, l’est beaucoup moins. Celle qui s’appelait en réalité Gerta Pohorylle avait fréquenté, à Leipzig, les milieux de gauche ; arrêtée en 1933 pour ses activités antinazies, elle s’exile à Paris où elle retrouve d’autres jeunes gens « étrangers » qui, comme elle, doivent lutter pour se faire une place, dans un climat d’antisémitisme de plus en plus oppressant. C’est aussi à Paris qu’elle rencontre André Friedmann pour lequel elle inventera le nom de Robert Capa, devenant elle-même Gerda Taro : une photographe à part entière, révélée, ces dernières années, par la découverte de la fameuse « valise mexicaine ».
Helena Janeczek a choisi d’aborder son personnage à travers le prisme de trois témoins qui ont partagé la vie et les passions de Gerda : Willy Chardack, étudiant en médecine, l’amie de coeur Ruth Cerf, journaliste, et Georg Kuritzkes, militant convaincu, qui s’engagera dans les Brigades internationales. Grâce à une construction romanesque subtile, Helena Janeczek fait revivre une figure étonnamment émancipée pour son époque, une femme élégante et lumineuse, plus proche de nous que jamais. »(quatrième de couverture)
A lire avec :
*L’annonce officielle en 2008 de la redécouverte de cette valise – constituée en réalité de trois petites boîtes –, dont la trace avait été perdue depuis 1939, a provoqué un engouement considérable dans l’univers du photoreportage et de la recherche historique. Après plus de soixante-dix années de pérégrinations rocambolesques et de péripéties diverses, elle révélait son extraordinaire contenu : 4500 négatifs d’images de la guerre civile espagnole, prises entre 1936 et 1939 par Gerda Taro – compagne de Capa tragiquement disparue en 1937 pendant la bataille de Brunete –, David Seymour, dit Chim et Robert Capa. On y trouve également des clichés du photographe et ami Fred Stein, représentant Taro, des images qui sont devenues, depuis la mort de celle-ci, intimement liées aux images de la guerre elle-même. Une manne de documents en très bon état de conservation, et pour une large part totalement inédits, déployant le panorama détaillé d’un conflit qui a changé le cours de l’histoire européenne.
« C’était comme un film – mes yeux parcouraient une image après l’autre tandis que je déroulais les négatifs des célèbres photographies de Capa, Chim et Taro : le camion en feu à Brunete, les soldats qui chargent à La Granjuela, une Basque en train de pêcher et une messe en plein air avant la bataille, les cadavres à Teruel, les exilés républicains dans les camps de concentration français. Même en négatif noir et blanc, les histoires de la guerre civile espagnole reprenaient vie dans ces longs rouleaux de pellicule, exactement comme les photographes les avaient découvertes. C’étaient les négatifs originaux qui étaient restés perdus durant près de soixante-dix ans, perdu dans la panique quand on avait fui Vichy, en France. Mais qu’allaient nous dire ces négatifs et que contenaient-ils au juste ? »
Cynthia Young commissaire de l’exposition The Mexican Suitcase: Rediscovered Spanish Civil War