La pratique photographique d’Olivier Mériel plonge ses racines dans le xixesiècle lorsque les pionniers de cet art nouveau inventaient un mode de représentation mêlant optique et chimie, lumière et sels d’argent pour produire, à mi-chemin de la magie et de l’art, des photographies.
L’élément originel réside en une boîte, la « camera obscura », au principe connu depuis l‘antiquité et décrit par Léonard de Vinci, fréquemment utilisée par les dessinateurs du xviiiesiècle. Les règles de l’optique veulent en effet qu’au fond de cette boîte noire percée d’un trou se forme, de façon inversée (de haut en bas et de droite à gauche), une image représentant le sujet placé devant la boîte.
La réussite des photographes du xixesiècle fut de capturer cette image, de la fixer sur le papier grâce aux sels d’argent qui noircissaient sous l’effet de la lumière. Il faudra toute la dextérité et la créativité de plusieurs savants pour parvenir à la mise au point du daguerréotype (premier procédé photographique sur métal) puis du négatif sur papier. Celui-ci constitue l’invention d’une matrice (le négatif) qui autorise la production de tirages, multipliables à l’infini.
Olivier Mériel est photographe et tireur, il œuvre tout à la fois à la prise de vue, à la création du cliché puis au développement et au tirage de celui-ci en épreuves positives. Il pratique encore l’art de la photographie à la chambre qui produit des négatifs argentiques de grand format. La prise de vue implique le transport d’un matériel encombrant, le choix d’un point de vue réfléchi, d’un cadrage savamment composé. Cet exercice s’inscrit dans un temps long qui trouve son aboutissement lors de la rencontre entre la lumière et le papier photo au moment du déclenchement.
Olivier Mériel réalise ensuite les tirages, souvent par contact : le négatif est placé en contact direct avec le papier photosensible et directement insolé permettant un tirage sans l’intermédiaire d’un agrandisseur, au plus près du négatif. Vient alors le temps de la chimie et de la magie, celui de la révélation du négatif et l’apparition de l’image positive. Le tireur se fait interprète recourant aux masquages, virages et autres secrets afin d’obtenir une épreuve positive dont la fabrication est constituée à chaque étape de choix techniques et formels qui viendront, in fine, déterminer le rendu de l’épreuve positive, constitutive des intentions de l’artiste photographe.
Céline Ernaelsteen